Le regard de professionnels vis-à-vis du cyberharcèlement

LEPERLIER Léane

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21/03/2024

Bonjour ! Tu vas lire le point de vue de deux psychologues que nous avons interviewé pour avoir leur avis et répondre à nos questions concernant le cyberharcèlement. Tu verras le regard de Mme. Anaïs Colin, une psycho-praticienne et celui de Mme. Karin Bouin, une psychologue sociale spécialisé dans l’aide aux enfants. Bonne lecture.

A quel âge correspond vos patients qui vous ont parlé de cyberharcèlement ?

Anaïs : Je n’ai pas de chiffres précis mais je pense que ça commence à l’adolescence. Karine : La tâche, on va dire ça démarre au collège donc 6 ème.

Quels sont les symptômes le plus fréquent ?

Anaïs : Je dirais que c’est beaucoup d’angoisse, trouble du sommeil, trouble de l’alimentation. En fait, toutes les habitudes de vie qui vont changer et aussi le repli sur soi. Karine : Alors crise d’angoisse évidemment, anxiété, trouble du sommeil, ça c’est vraiment les symptômes avec lesquels les enfants viennent.

Pour vous, ce serait quoi le plus gros de symptômes parmi ceux que vous avez cité ?

Anaïs : Je pense que le repli sur soi est vraiment l’un des symptôme les plus impactant et aussi les troubles du sommeil. Karine : Ah bah c’est l’anxiété généralisé, les crises angoisses avec parfois des pleurs et puis la phobie scolaire. A un moment le corps parle, le corps bloque et ça les empêche d’aller à l’école.

Quels sont les effets psychologiques sur les victimes d’après votre expérience professionnelle ?

Anaïs : Au niveau des effets, je parlerais d’une grande baisse de l’estime de soi avec divers angoisses selon la personne. Y’a aussi une tendance à se refermer sur soi-même et à ne plus oser dire ou faire quelque chose. Karine : Les effets peuvent être à très long terme parce que j’ai des adultes qui me racontent leur expérience. Ca peut porter atteinte à la confiance en soi et celles qu’on peut avoir envers les autres impactant toute la vie sociale et tout le fonctionnement de la personne, finalement, et certains collégiens peuvent avoir des idées suicidaires aussi. Après y’en a qui s’en remette mais j’ai vu que c’était mieux si les victimes consultent et aussi par l’information via les réseaux permettant aux victimes de comprendre qu’ils ne sont pas tout seul.

Comment le cyberharcèlement peut-il affecter la santé mentale et émotionnelle à long terme des personnes concernées ?

Anaïs : Sur le long terme, c’est un traumatisme donc comme tous les autres traumatismes, il peut y avoir du stress post-traumatique, on revit la douleur, la peine que ça a pu causer. On se méfie des personnes ou au contraire on va chercher à se faire apprécier. Va y avoir des angoisses qui vont survenir par l’intermédiaire de cauchemars, des phobies ou en renfermement sur soi-même où certaines personnes peuvent refuser toutes formes d’émotions.

Comment nous, en tant que personne extérieur, on peut reconnaître les signes que vous venez de citer ?

Anaïs : Je pense qu’en tant que personne extérieur c’est des changements inhabituelles chez la personne : elle se referme, parle moins, n’ose plus s’exprimer, mange moins… signifiant qu’il se passe quelque chose chez elle. Y’aurait aussi avant tout la communication parce que la personne peut démontrer plein de signes si elle va bien ou pas. En fait, les habitudes du quotidien qui changent peuvent être le signe d’une détresse. Karine : Alors pour les parents comme l’équipe pédagogique c’est tout changement dans le comportement n’importe lequel aussi bien de retrait/repli ou au contraire violent et disproportionné. Tout cela donne une information

Justement, comment en tant que proche ou amis, on peut les soutenir dans ces moments-là ?

Anaïs : Je dirais que ça va énormément dépendre de la personne, mais je pense quand même qu’offrir une écoute non-jugeante c’est la première chose à faire sans dire à la personne ce qu’elle doit faire ou de trouver à tout prix une solution parce que la personne connait très bien sa situation. Aussi peut-être l’accompagné vers un professionnel, pour porter plainte, tout simplement être là mais sans imposer sa vision des choses. Karine : Déjà il faut que l’enfant sache que y’a des personnes au sein de l’établissement qui sont prêtes à écouter, c’est là toute la campagne de sensibilisation au harcèlement en général. Qu’il sache qu’il peut aller l’infirmière, le CPE, le professeur principale. Le pire c’est quand l’enfant se met à parler, il minimise sa situation parce que si il parle pas c’est que quand il a essayé, on l’écoutait pas.

Est-ce que il y aurait d’autres facteurs qui contribueraient à la prévention chez les jeunes ?

Anaïs : Pour le coup, je pense que continuer à parler de cyberharcèlement, à expliquer que les comportements sur internet peuvent faire du mal et que même si c’est derrière un écran, ça peut heurté la personne ciblée. Il faut aussi arrêter de banaliser les commentaires haineux sur les réseaux-sociaux. Pour les adolescents, ce serait d’en parler de plus en plus à l’école et expliquer qu’être connecté c’est bien mais que les propos n’en sont pas moins important parce qu’on est derrière un écran. Karine : Déjà que les enfants comprennent que ce n’est pas de leur faute en tant que victime, cette notion est très importante et qu’il sache à qui s’adresser parce que si les parents ne sont pas présents, c’est logique que l’équipe pédagogique doit mettre en place une communication pour savoir à qui l’enfant doit en parler. Il faudrait expliquer aux enfants que les insultes sont pas normales, ni les critiques sur le physiques ou moralement, l’idée de dévaloriser quelqu’un.

Quelles sont les étapes à suivre pour aider une personne victime de cyberharcèlement à reconstruire sa confiance en soi et à se rétablir émotionnellement ?

Anaïs : Pareil, ça va dépendre de chaque personne, au niveau des étapes ce serait de s’éloigner de ce qui est toxique pour la personne, de ce qui a été un traumatisme dans un premier temps. Puis essayer de reconstruire une personnalité qui sera nécessairement différente et qui lui convient après ce qu’elle a vécu à travers des activités, des loisirs et la valorisation de soi-même. Enfin surtout laisser faire le temps et être accompagné par des professionnels. Karine : Alors ce serait de consulter un professionnel en comprenant ce qu’il s’est passé, ensuite de déculpabiliser l’enfant ou l’adulte, de lui montrer qu’il y est pour rien et expliquer les mécanismes inconscient de la manipulation. Après on accepte d’avoir été victime et pas coupable pour faire reprendre de la confiance en soi. Enfin, qu’ils soient attentif à ce qu’ils arrivent à faire, à le réussir, être attentif à tous les messages positifs qui viennent de leur entourage

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